Merci Fanch !
Je dirais que dans le neuf la dimension pécuniaire est intégrée de manière différente à celle de l’occasion, elle bride moins psychologiquement. D’accord on sait qu’il y a plus d’euros sur la facture, c’est neuf, ça se paie, on sait d’avance que ça va coûter plus cher (et encore c’est relatif selon l’objet). C’est un critère qui ne bouge pas. Je veux dire par-là qu’en occasion, je crois bien que pour plus de 90% d’entre nous sur plus de 90% de nos tentations respectives, c’est le porte-monnaie qui a le dernier mot. Je ne veux pas lire les stériles « ah bah t’as de la chance si t’es no limit / ah tu aimes bien te faire flouer ? », non rien à voir, d’autant qu’en neuf aussi le budget limite les options et on se fait arnaquer. On en revient toujours au fric dans les 2 cas, il faut juste voir à combien il penche dans la balance. En occase, un réflexe humain de se satisfaire d’avoir fait une bonne affaire ? Oui c’est toujours plus plaisant, moyennant bien souvent quelques compromis en contrepartie. Oui des compromis aussi il y en a en neuf. On ne s’en sortira jamais de ce débat. Il y a objectivement des arguments plus nombreux en faveur de l’occasion mais je ressens que le neuf possède quelque chose que l’occasion ne me procurera pas (d’avoir payé le prix fort ? Non je ne crois pas), est-ce culturel, éducationnel, bête ? C’est peut-être ultra-perso je dis pas. Certainement ultra-débile pour ceux qui changent de kit comme de chemise ou de téléphone comme de caleçon etc. L’un ou l’autre n’est pas hérétique pour autant et je ne céderai pas à un dualisme ou pire à un manichéisme.
Là ça va au-delà de la valeur attribuée à l’argent.
Par exemple, l’exclusivité de déballer une batterie et d’en être le seul et unique utilisateur pour la vie ou presque, c’est une profonde émotion pour moi, bien plus que de récupérer une occasion aussi bonne soit-elle, et parfois ça se paie, oui (à l’inverse, et peut-e^tre un mauvais exemple mais qui me vient, déballer un téléphone neuf ne me fait ni chaud ni froid). En ce qui concerne certaines choses, celles qui me font vibrer. Je peux raisonner différemment selon d’autres choses. Finalement, ça dépend plus de la conception et de la relation que l’on a avec l’objet. On s’approprie l’objet et on s’y attache, on y relie des expériences et des souvenirs. Ce que l’on peut également faire avec de l’occasion, oui. Il y a dans le neuf quelque chose que je ne retrouverai jamais dans l’occasion, une aura je sais pas, en tous cas pour un instrument. Car je trouve que c’est un objet magnifique, une oeuvre d’art, là où d’autres n’y apporteront pas cette importance. Ou alors en la relativisant bien plus que moi et en appréciant tout autant une occase, tant mieux. Ils auront une émotion différente de la mienne. On achète un bout de rêve, un frisson de bonheur j’en sais rien. Un sentimentalisme matérialiste à la con ou un matérialisme sentimental à la con, que sais-je.
Je n’ai pas de réponse ferme et définitive à apporter, il n’y en a pas selon moi. D’autant que nous voyons tous midi à notre porte et que nous pouvons préférer tel objet neuf pour telle raison et/ou besoin, et même chose pour un objet d’occasion (je préfère un vieux bouquin qui a vécu, un disque qui a traversé les décennies et fait rêver ses auditeurs, mais j’arrive moins facilement à transposer ça à une batterie). Sans le partager, peut-être que certains d’entre vous ne chercheront même pas à comprendre ce que je veux dire, surtout si je l’ai très mal dit, ce qui est possible aussi. Je m’éloigne du sujet initial puisque je le porte à quelque chose de plus large. Nous fonctionnons d’ailleurs tous dans un sens comme dans l’autre selon le raisonnement personnel lié à la relation que nous avons avec l’objet en vue et les critères de sélection qu’on lui attribue pour faire notre choix (l’utilité, la fonctionnalité, la rareté, la qualité, l’envie, le besoin, la pulsion, la fragilité, le prix etc…). Il y a de la raison et de l’émotion et nous faisons cohabiter les 2.
Waa je me suis emporté
Tout ça pour dire que neuf ou occasion, chacun fait fait fait… (Chagrin d’Amour a été plus concis que moi)