« La musique est un perpétuel dialogue entre l'espace et le temps, entre le son et la couleur, dialogue qui aboutit à une unification : le temps est un espace, le son est une couleur, l'espace est un complexe de temps superposés, les complexes de sons existent simultanément comme complexes de couleurs. Le musicien qui pense, voit, entend, parle au moyen de ces notions fondamentales, peut dans une certaine mesure s'approcher de l'au-delà. »
(Olivier Messiaen), sur son Wiki.
Très intéressant : au-delà de quoi ? Je dirai de la barrière du "langage parlé", comme les mystiques. Messiaen était très croyant (catho) d'ailleurs.
C'est ça qui est intéressant, comme avec Elvin Jones (dont le topic de la drummerie est honteusement pauvre à ma grande surprise !!!), ces mecs descendent en dessous de ce que les mots permettent de comprendre / jouer. C'est une autre logique qui les fait jouer, on peut aussi appeler ça du génie à l'occaz ! Si on parle de processus synesthésique (plutôt que de maladie vs être normal), on peut parler dec elui qui se lâche, au sens vraiment profond, celui qui perd pied dans le jeu, doit bien s'orienter de quelque chose... Il y a ceux qui grognent... ceux qui voient des couleurs... ceux qui frappent de toutes leurs forces pour ressentir au plus près du corps le truc (theodore en impro avec volta à une période), ceux qui stoppent le côté humain derrière une exécution scrupuleuse sans vie (Parks D.), ceux qui font des boucles mécaniques (tony allen).
Pour moi la batterie c'est foncièrement synesthésique ! Une intensité = un son. Sans amplification ni média électrique (cf. ceux qui jouent avec les mains...). Et en plus, les 4 membres jouent... On dit souvent que le contrebassiste couche avec son instrument, mais je pense que la batterie c'est encore plus corporel et sensuel car c'est la fusion du corps et pas juste des bras et d'un flanc.
Perso, je ne vois pas de couleurs mais c'est clair que parler de son, c'est parler par un langage synesthésique ! Brillant, sec, etc. Le son, c'est sensationnel, on a pas le choix. Franchir la barrière des mots, c'est jouer des trucs qu'on ne peut pas retranscrire dans une partoche (cf. Jones et ce qu'on dit de lui). C'est sans doute les vrais moments de batterie, quand on sort du langage écrit, comme dans la fonction humanize des logiciels de batterie
