Exemple 1 :
Sur la pochette du disque "one up, one down" de Coltrane, on voit des photos du Club où a été enregistré le disque. Le Quartet de Trane était installé derrère le bar, dans un renfoncement qui ne doit pas faire plus d'1,20 de profondeur sur 2,5m de large, le tout surélevé de un mètre et bas de plafond. Une image surréaliste, une vraie niche de chien : Elvin a sa grosse caisse au bord du vide, sa cymbale touche presque le piano droit et la contrebasse. On imagine même pas comment ils ont pu tenir à 4.
Mais ce qu'ils ont joué et enregistré...

C'est de la magie.
Exemple 2 :
A sa mort, des batteurs ont témoigné au sujet de Billy Higgins, un grand batteur qui a gravé une quantité pas possible de disques majeurs sur le label Blue note (c'était le sessionman attitré...)
L'un d'eux raconte qu'il était allé voir Billy Higgins dans un Club du Bronx. Avant l'arrivée du monsieur, il regarde la batterie qui était sur scène : une grosse caisse, une caisse claire très fatiguées, la GC n'avait même pas de piques... Et puis des pédales complètement destroy, un pied de cymbale tordu qui soutenait une "tarolle", une cymbale pourrie. Du matériel sur lequel aucun batteur, même amateur, ne voudrait jouer.
Il se dit "c'est pas possible, il va refuser de jouer sur cette m..... qui appartient au Club et on va tous rentrer chez nous".
Mais Higgins est arrivé. Et il a joué comme un fou, le témoin dit "je me souviens encore des années après de ce que j'ai entendu ce soir là, et c'était exceptionnel".
Conclusion :
Alors, certes, c'est un gros pied et un luxe de jouer sur du super matos et dans de bonnes conditions. Mais d'une, cela n'a pas été nécessaire à de grands musiciens pour jouer de la grande musique. Et de deux, parfois même, c'est le contraire : la difficulté oblige à sortir des habitudes de confort et à faire preuve d'inventivité.